los olvidados de Barpak

Le 24 avril 2015, le Népal subit l’un des séismes les plus meurtriers de son histoire.
Sous le choc de cette catastrophe, de nombreux pays se mobilisent pour apporter leurs aides et le gouvernement népalais s’engage à indemniser tous les sinistrés.
Barpak, village de 4 556, épicentre du séisme de force 7,9 sur l’échelle de Richter, a littéralement été rayé de la carte.
Le séisme a fait 72 morts, uniquement dans ce village. Il a détruit plus de1400 maisons, soit la quasi-totalité. Les ONG et associations qui affluent en masse, sont restées un long moment mais ont fini par partir.
Alors deux ans après la tragédie, qu’en est-il ? Dans quelles conditions vivent les villageois de Barpark aujourd’hui ? Tout le monde est-il logé convenablement, deux ans plus tard ? Et comment, après avoir passé deux saisons de pluies supplémentaires, appréhendent-ils celle qui arrive dans quelques mois ? Enfin, pensent-ils que les nouveaux élus émanant des élections locales, après 20 ans d’interruption démocratique, vont pouvoir agir pour leur venir en aide ? (Le premier tour de ces élections a eu lieu le dimanche 13 mai 2017 – le second tour a lieu un mois plus tard.)
En attendant le gouvernement népalais a versé à chacun des habitants de Barpak ayant perdu sa maison, une première indemnisation de 50 000 Rps. Promesse fut faite de continuer à verser des indemnités une fois les fondations de la maison réalisées ; une deuxième de 100 000 Rps et une troisième et dernière de 150 000Rps. Mais en interrogeant ceux qui ont commencé les travaux, il s’avère qu’ils n’ont toujours pas perçu les premières indemnités promises. De ce fait, ils sont contraints de continuer les travaux à leurs frais et parfois de devoir faire des emprunts bancaires qu’ils ne pourront que très difficilement rembourser. Les femmes divorcées ou veuves se trouvent dans l’impossibilité de faire un tel crédit…
Les difficultés se multiplient : certains auraient les moyens de reconstruire même à leurs frais, mais sont en attente de terrain : car les autorités interdisent parfois de rebâtir au même endroit. Trop dangereuses, certaines zones sont devenues inconstructibles. Barpak, en pleins travaux, paye aussi le fait d’être éloigné des routes goudronnées. Les matériaux y sont onéreux, car cela demande plus de temps pour les acheminer.
La plupart des villageois vit de petits boulots liés au bâtiment ou à l’agriculture. Les revenus sont maigres. Beaucoup de jeunes partent à l’étranger : en Arabie Saoudite, au Koweït, en Afghanistan, en Irak ou en Inde, pour trouver du travail qui sera mieux rémunéré qu’au Népal. Ils espèrent ainsi envoyer de l’argent pour refaire une maison… Cela prive de main-d’œuvre le village. Mais surtout, la saison des pluies reste redoutée : beaucoup de gens vivent dans la crainte d’un nouveau tremblement de terre.
J’ai pourtant été frappé par l’énergie collective et la solidarité des habitants : ils s’entraident pour la reconstruction des maisons. Chacun vient avec son courage et sa bonne humeur contribuer au chantier des voisins, en échange d’un repas et de bons moments passés ensemble. L’implication des femmes m’a impressionné : elles effectuent les tâches les plus difficiles en transportant par la seule force de leur front, des kilos de ciment, de sable ou de pierres !
Le temps passe et beaucoup de gens vivent encore dans des conditions déplorables, dans des abris provisoires. Si chacun travaille ardemment de manière directe ou indirecte à la reconstruction de son habitation, il est difficile de croire que sans aide de la part du gouvernement népalais ou sans aide extérieure, chacun des habitants de Barpark retrouvera une demeure dans les mois, voire les années à venir.